Sport santé et fibromyalgie
L’activité physique adaptée comme thérapie non médicamenteuse
Qu’est-ce que la fibromyalgie ?
La Haute Autorité de Santé (HAS) caractérise la fibromyalgie par des douleurs diffuses persistantes ayant un effet sur les capacités à réaliser des actes de la vie quotidienne. Ces dernières s’en trouvent amoindries de manière variable selon les personnes et dans le temps.
Le diagnostic du syndrome fibromyalgique est jusqu’à présent clinique. La reconnaissance en tant que pathologie est complexe et difficile puisqu’il n’existe aucune anomalie biologique ou lésion anatomique ne permettant de la justifier.
Qui est concerné par la fibromyalgie
En France, 2,2% de la population générale est touché par ce syndrome dont 80 à 90% concernent les femmes. De plus, la grande majorité des personnes atteintes, soit 90%, ont moins de 60 ans, avec un pic s’élevant à 50% entre 45 et 50 ans.
Valérie est une femme de 51 ans, mariée, 2 enfants et atteinte de fibromyalgie. Elle nous partagera sa vision de la pathologie.
Quels en sont les symptômes ?
Les symptômes du syndrome fibromyalgique diffèrent en fonction des individus.
Cependant certains d’entre eux prédominent dans la majorité des cas :
- → La douleur chronique est le symptôme principal. Elle est diffuse, persistante, variable et ressentie de manière permanente par les personnes.
Néanmoins, des éléments déclencheurs tels que l’effort, le froid, l’humidité, l’émotion, le manque de sommeil peuvent aggraver cette douleur.
- → La fatigue chronique
- → Les troubles du sommeil
- → Les troubles anxieux et dépressifs
D’autres symptômes comme les troubles de la mémoire et de l’attention, la difficulté de concentration, le repli sur soi, l’isolement ou la qualité de vie, se retrouvent chez certaines personnes. Cependant, ils restent secondaires. Tous ces symptômes portent atteintes à l’état de santé général de ce public.
« J’ai des douleurs diffuses dans tout le corps, puis en ce qui me concerne douleurs
dans le bas du dos et toute ma jambe gauche en permanence sensation de
brûlures, les cervicales de temps en temps. De plus, j’ai une sensation de fatigue
en permanence, des troubles du sommeil et un sommeil non réparateur. »
Quelles en sont les causes ?
Les facteurs psychologiques, sociaux, culturels et environnementaux sont une première source de débats sur ce sujet.
Les troubles psychiques sont également un point de discorde. La question est de savoir s’ils sont à l’origine ou s’ils sont la conséquence du syndrome, ou bien même les deux à la fois.
Toujours inexpliqué, les communautés de patients s’entendent à dire qu’il ne s’agit pas de causes sociopsychologiques.
Elles auraient tendance à avancer qu’il s’agirait d’un dérèglement de la perception de la douleur ayant une origine inconnue.
Les explications physiologiques médicales mettent en avant un dérèglement de la perception de la douleur lié au système nerveux central. Cependant, les scientifiques ne peuvent pas expliquer si l’anomalie décelée est une cause ou une conséquence de la douleur.
Une nouvelle explication biomédicale a même fait son apparition récemment : le rôle des facteurs génétiques.
D’autres constats sont avancés pour expliquer l’origine de ce syndrome. L’aspect psychologique à travers la dépression ou les troubles psychiques peuvent jouer un rôle dans l’apparition de la maladie. Un environnement considéré comme anxiogène serait alors à l’origine de ces troubles.
Quelles en sont les conséquences ?
La conséquence principale est la prise journalière d’un traitement médicamenteux.
Il faut savoir qu’aucun traitement n’est spécifique à la pathologie, ils sont symptomatiques.
Cependant, certaines classes thérapeutiques sont dominantes :
- Les antalgiques : souvent prescrit par les rhumatologues, iles permettent l’atténuation des douleurs.
- Les antidépresseurs : utilisés dans 30 à 40% des cas, ils sont souvent prescrits pour répondre aux troubles du sommeil et aux douleurs intenses avant de l’être pour les troubles dépressifs.
- Les antiépileptiques : cette classe thérapeutique a une visée principalement antalgique.
Les effets secondaires sont tout de même à prendre en compte car ces thérapies ne sont pas anodines.
« Je ne prends plus de médicaments depuis longtemps car aucune efficacité.
J’ai une séance d’ostéopathie par semaine et je suis suivie au centre antidouleur à Rennes à la Sagesse. »
Quelles en sont les conséquences dans la vie quotidienne ?
La sphère sociale – relations avec les proches et le monde médical perturbées, marginalisation, inégalité sociale – ainsi que la vie familiale – tenue de la maison, soin aux enfants – et le milieu professionnel – fatigabilité, pénibilité, ralentissement des gestes, maladresse, mémoire, concentration et arrêt de travail – sont considérablement touchés.
La santé en est donc fortement impactée d’un point de vue biopsychosociale. Des stratégies sont utilisées par les patients pour lutter contre l’impact de la fibromyalgie.
L’une d’entre elles est une stratégie combative. Elle consiste notamment à gérer la vie quotidienne pour combattre la douleur et la fatigue. Les autres sont des stratégies adaptatives, désespérées ou de capitulations.
La pathologie, comme nous pouvons l’imaginer, est un frein à la pratique d’activité physique et sportive. La grande majorité des personnes ralentisse ou stoppe tout investissement dans une pratique physique une fois l’apparition des premiers symptômes.
Il en ressort une nécessité d’aménager et de moduler l’effort, notamment pour maintenir une activité régulière.
« Je dois me reposer beaucoup, ne pas trop forcer ne pas tirer sur les muscles donc toujours faire attention sinon une grosse crise peut se déclencher et là les douleurs sont très intenses. Je ne suis donc plus aussi active qu’avant.
Je ne travaille plus depuis 2008 je suis en invalidité, maladie reconnue cette année là. J’essaie de ne pas montrer mes souffrances aux autres, de ne pas me plaindre. C’est une maladie qui n’est pas comprise car ça ne se voit pas forcément et du coup les autres ne peuvent pas comprendre. De plus, je fais tout pour ne pas me laisser aller, je prends soin de moi (tenue vestimentaire).
Je parais toujours en forme, je garde le sourire, je ne me plains pas et je n’aime pas parler de ma maladie avec les autres. Quand je suis avec mes amis ou mes proches c’est pour passer des bons moments et ça me fait oublier mes douleurs.
De toute façon c’est une maladie qui ne se guérit pas donc il faut l’accepter et vivre avec au quotidien. »
Pourquoi pratiquer de l’activité physique lorsqu’on est fibromyalgique ?
Être fibromyalgique ne doit pas coïncider avec un mode de vie inactif. Certes, l’activité physique ne guérira pas de la fibromyalgie, mais pourra contribuer à avoir une meilleure qualité de vie par une atténuation des symptômes.
La diminution ou l’arrêt d’une pratique physique engendre une baisse des aptitudes physiques telles que l’endurance, la force et la souplesse. Les conséquences ne sont pas seulement physiques, elles peuvent être d’ordre psychologique en impactant la confiance en soi et le bien être.
Être inactif physiquement peut donc entrainer la personne dans un cercle vicieux du déconditionnement souvent observé dans cette pathologie (adaptation Préfaut & Ninot, 2009) :
Tout savoir sur activités physiques adaptées et fibromyalgie
Activités physiques adaptées et fibromyalgie : Les Activités Physiques Adaptées (APA) « regroupent l’ensemble des activités physiques et sportives à des fins de prévention secondaire ou tertiaire, de réhabilitation, de post-réhabilitation, de rééducation, d’éducation ou d’insertion sociale auprès de personnes en situation de handicap et/ou vieillissantes » (Ninot et Partyka, 2007). Ces professionnels sont issus de la filière Activité Physique Adaptée au sein d’une formation universitaire Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS).
La reprise et le maintien d’une activité physique régulière et adaptée est primordiale dans la gestion du syndrome fibromyalgique au quotidien. Comparativement à une personne active, une personne déconditionnée à l’effort aura d’autant plus de difficultés pour réaliser des actes de la vie quotidienne dans de bonnes conditions.
La reprise progressive d’un mode de vie actif à travers la pratique d’activités physiques permettra la réduction des sensations de douleurs, une confiance en soi retrouvée ainsi qu’une meilleure tolérance à l’effort. En effet, un article (Maquet et al., 2007) a mis en lumière l’intérêt de l’activité physique pour lutter contre divers symptômes de la fibromyalgie à travers l’amélioration de la qualité du sommeil, l’augmentation du seuil de sensibilité douloureuse, une tolérance accrue des symptômes et une amélioration du bien être et de la confiance en soi.
Les recommandations en termes d’activités physiques sont nombreuses en ce qui concerne le syndrome fibromyalgique.
Quels types de pratiques ?
La pratique d’exercices physiques de type aérobie d’intensité faible à modérée est la plus explicitée dans la littérature, puisqu’elle permet de faire varier différents facteurs :
- Augmentation du bien être global et de la qualité de vie,
- Développement de la fonction physique et de la tolérance à l’effort,
- Réduction du déficit fonctionnel,
- Baisse des douleurs et points sensibles.
L’entrainement en résistance d’intensité modérée engendre également des améliorations concernant la perception de la douleur, la sensibilité et la force musculaire. Des activités de souplesse et relaxation peuvent également aider à soulager les douleurs.
L’activité physique permet donc aux personnes atteintes de s’engager dans un mode de vie actif, et non passif, à l’égard de leur pathologie. Elle donne une plus grande faculté de gestion de leurs propres symptômes. Plusieurs activités physiques et sportives sont conseillées :
Cependant, cette liste n’est pas exhaustive. Pour pratiquer une activité physique et sportive de façon adaptée et sécurisée, il est nécessaire de contacter un enseignant en Activité Physique Adaptée qui saura évaluer les capacités et besoins des personnes.
Activités à dominante aérobie
- Amélioration des capacités cardiovasculaires
- Augmentation des capacités cardiorespiratoires
- Amélioration de l’endurance
- Ouverture vers l’extérieur
Activités à dominante renforcement musculaire
- Augmentation de la force musculaire
- Baisse des douleurs articulaires
- Maintien postural
Activités à dominante souplesse et relaxation
- Amélioration de la souplesse
- Meilleure connaissance corporelle
- Meilleur relâchement musculaire
- Travail sur la respiration
« J’ai dû bien évidemment renoncer au sport, course à pied, beaucoup trop violent. Je marche mais modérément. Parfois je fais plus mais ensuite j’ai beaucoup de douleurs. Le soleil me fait beaucoup de bien, ça détend les muscles. »
Question d’une patiente
« J’ai dû bien évidemment renoncer au sport, course à pied, beaucoup trop violent. Je marche mais modérément. Parfois je fais plus mais ensuite j’ai beaucoup de douleurs. Le soleil me fait beaucoup de bien, ça détend les muscles. »
Notre réponse et nos conseils pratiques
Les notions importantes à retenir lors d’une adhésion à un programme d’activités physiques sont la progressivité et la régularité, primordiales pour pratiquer de façon adaptée, efficace et sécurisée. Les pratiques réalisées, l’intensité et la durée des exercices doivent être adaptées lors d’une reprise d’activité physique.
Dans un premier temps, il faut privilégier la marche douce et les exercices d’étirements petit à petit, une fois que les personnes se sentent d’avantage en confiance lors de l’effort, il est possible de commencer à pratiquer des activités sportives. Il sera d’abord intéressant de réaliser des activités où le poids du corps est porté telles que la natation, l’aquagym ou le vélo d’appartement.
Passé ce stade de reprise, les exercices à dominante aérobie doivent être la pierre angulaire de la pratique. Combinées à cette pratique nécessaire, des activités physiques à dominante de renforcement musculaire ainsi que de souplesse/relaxation apporteront des bénéfices complémentaires. Enfin, toutes les activités engendrant des impacts au sol répétés devront être évitées, pour ne pas augmenter les sensations de douleurs quotidiennes.
Afin d’optimiser la pratique d’une activité physique, il est nécessaire de privilégier les moments de la journée où les sensations de douleurs et de fatigue sont le moins ressenties. Il faut garder en tête que les activités pratiquées doivent procurer du plaisir. Plus particulièrement, lors d’une séance d’activité physique, des règles de bases sont à respecter.
Une séance, peu importe l’activité pratiquée, doit toujours débuter par un échauffement à faible intensité d’une durée de 5 à 10 minutes, afin de préparer l’organisme à l’effort. Par la suite, le corps de séance devra durer au moins 10 minutes d’affilées jusqu’à 45 minutes dans une optique à long terme.
Pour faciliter l’atteinte des 45 minutes visées, il est possible de réaliser plusieurs temps d’exercices de 10 minutes ou plus dans la journée. En fin de séance, une récupération doit être réalisée impérativement selon les mêmes règles que l’échauffement afin de revenir à l’état de repos de façon progressive.
Profitez de la luminosité et du soleil pour réaliser des exercices de relaxation au grand air.
Enfin fréquentez les associations afin de pratiquer en groupe car la socialisation est indispensable pour se motiver et s’entraider.
Vers quel professionnel se tourner pour pratiquer ?
Des associations spécialisées dans les activités physiques adaptées existent pour accueillir des personnes à besoins spécifiques. Des professionnels en APA pourront conseiller et orienter les personnes souhaitant se rendre dans ces associations, afin de pratiquer en toute sécurité. Nous sommes également à la disposition des lecteurs pour toutes informations complémentaires sur l’activité physique et le syndrome fibromyalgique.
► Les auteurs : Hugo FAUCHEUX , Yann LE RUYET, Hugo RONCIERE
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